Patrick Deville et Jean-Christophe Rufin
(à gauche)


« Écrire, c'est faire partager des émotions, des paysages, des expériences. »
Jean-Christophe Rufin

Repères biographiques
Jean-Christophe Rufin, médecin, pionnier du mouvement humanitaire, a été ambassadeur de France au Sénégal de 2007 à 2010. Il est l'auteur de romans désormais classiques tels que L'Abyssin, Globalia, Rouge Brésil, prix Goncourt 2001. Il est membre de l'Académie française depuis 2008.

« Le chemin de St-Jacques est une force. Il s'impose, il vous saisit, vous violente et vous façonne. » Jean-Christophe Rufin

Cette grande randonnée, en l'occurrence le chemin de Compostelle, est l'occasion pour Jean-Christophe Rufin de nous entraîner dans des rencontres, où au fil de nombreuses anecdotes, il trace des portraits singuliers alliant humour et auto dérision. Il a emprunté, à pieds bien sûr, le chemin le plus au nord sur quelque 800 kilomètres jusqu'à la ville de Saint-Jacques de Compostelle, un des itinéraires les moins fréquentés par les pèlerins, parcourant les côtes basque et cantabrique puis les montagnes des Asturies et de Galice. Le pourquoi de cette décision, question rituelle, n'a guère de sens pour le voyageur pas pressé, sans urgence dans sa quête, dans sa distanciation de quelques semaines, comme d'autres se retirent un temps dans une thébaïde.

Que faire sur ce long chemin sinueux sinon penser, réfléchir au sens de cette expérience tentée sans idée a priori, sans volonté précise, « en partant pour Saint-Jacques je ne cherchais rien et je l'ai trouvé, » dit-il, un brin paradoxal. Et 'est bien ce paradoxe qu'il a vécu, une viduité de l'instant, une disponibilité du marcheur -comme cet autre qui "marchait dans sa tête"- dont les réflexions sur la religion, l'histoire ou la politique même qui ponctuent son parcours emplissent un esprit si curieux de tout.


  JC Rufin et sa femme Azeb

Autre paradoxe : cette dichotomie entre la dimension humaine sinon spirituelle d'une telle démarche et la prégnance des petits problèmes pratiques quotidiens auxquels est confronté tout itinérant sur le ravitaillement, la santé et les immanquables ampoules aux pieds du marcheurs, le repos et le sommeil lors de chaque étape, surtout pour un insomniaque comme lui, tout ce qui lui fait dire que « le Chemin est une initiation par le corps[1]

          

[1] Ce qu'il traduit en ces termes : « En même temps que je subissais l’inconfort et que je pressentais les souffrances qu’il me fallait endurer, j’éprouvais le bonheur de ce dépouillement. Je comprenais combien il était utile de tout perdre, pour retrouver l’essentiel. »

Commentaires critiques
- Ce pourrait être fastidieux, c’est un régal. Parce que Rufin, mêlant choses vues, portraits et anecdotes, jouant sur un juste dosage de gravité et d'autodérision, est ici à son meilleur.
Marie-Françoise Leclère, Le Point, 4 avril 2013

- L’académicien vient de publier un passionnant récit de son voyage à Compostelle.
Tristan Savin, Lire, 6 avril 2013

- L’académicien et diplomate se révèle tel qu’en lui-même :
vif, infiniment drôle et finalement émouvant.

Olivier Mony, Le Figaro Magazine, 6 avril 2013

Sa passion pour la montagne
 Montagnard accompli, il gravit chaque année le mont Blanc, fait les classiques en rocher et le Cervin avec une amie. Il a aussi une vieille ferme au Val Montjoie sur les hauteurs de Saint-Gervais. Il a découvert l'alpinisme avec le club alpin français puis s'est entraîné en Ethiopie, le pays de sa femme, où il a vécu. 

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