vendredi 7 février 2014

L'écrivain Derek Walcott

Derek Alton Walcott l’antillais
Derek Alton Walcott, poète et dramaturge antillais Prix Nobel de littérature 1992
Le jeudi 19 janvier 2012 par Christian Broussas.
 
tumb              tumb
Son portrait                    Square Derek Walcott à Castries

 
Derek Alton Walcott est né le 23 janvier 1930 dans les Antilles à Castries, la capitale de l’île Sainte-Lucie où il connaît une enfance misérable, devenu orphelin très tôt et recueilli par une famille métisse elle-même très pauvre qui se sacrifiera pour qu’il puisse poursuivre ses études. Il fait partie des écrivains issus d’une génération qui cherche son identité dans les prémices de la décolonisation et les bouleversements d’après 1945. Confronté très tôt à la pauvreté et à sa condition de métisse antillais, il cherche sa voie entre blancs et noirs, entre langue française et langue anglaise, entre culture occidentale et culture antillaise.
 
Il relatera son expérience existentielle dans "Une autre vie" en 1973, un long travail de mémoire dont il a dit « un homme vit la moitié de sa vie, la seconde moitié est mémoire. » Derrière les figures d’Anna, de Gregorias et d’Harry Simmons, symbolisant l’amour, l’art et la mort, se profile sa profonde interrogation sur son identité culturelle. « Qu’est-ce qu’un poète dans ces îles perdues des Antilles anglophones, sans tradition ni langue propres ? »
 
Le fait est qu’il soit peu connu en France tient sans doute à son style métissé comme lui, mélange d’anglais assez châtié et du parler populaire des Antilles, assez éloigné des conceptions stylistiques d’un Aimé Césaire qui l’a pourtant influencé.
 
Au début des années 50, il partira poursuivre ses études à La Jamaïque puis s’installera à Trinidad pour diriger un théâtre, de 1959 à 1976, et monter ses propres pièces. L’année 1981 représente un tournant dans sa vie : il part aux États-Unis enseigner à l’université d’Harvard puis à celle de Boston

En 1990, il atteint une audience internationale avec la publication de sa grande épopée lyrique intitulée Omeros aux accents homériques on l’a souvent comparé à L’Iliade- traité à la manière caraïbe. Dans ses œuvres théâtrales et poétiques, il évoque surtout la vie quotidienne et la culture de ces îles antillaises marquées par un métissage dû à une longue colonisation.
 
Depuis les années 2000, il a renoué avec le théâtre, avec sa chronique sur la vie d’Henri Christophe, le leader haïtien, publiant en 2009 une pièce inspirée de la vie de la prêtresse vaudou Marie Laveau. Avec le recul, il porte un regard tendre mais quelque peu désenchanté sur le pouvoir que peuvent exercer les hommes sur destinée : « Tout finit dans la compassion si loin de ce que le cœur a décidé. »
 
Dans son discours de Stockholm, lors de la cérémonie de réception du prix Nobel, il devait dire toute sa fierté pour cette première reconnaissance internationale [1] de sa culture : « Quel privilège de voir une littérature –une littérature unique en plusieurs langues impériales, français, anglais, espagnol- éclore d’île en île à l’aube d’une culture ni timide ni imitative, pas plus que ne le sont les durs pétales blancs de la fleur des frangipaniers. »


[1] Vidiadhar Surajprasad Naipaul qui signe simplement ses livres V. S. Naipaul, originaire de Chaguanas à Trinité-et-Tobago, a lui aussi obtenu le prix Nobel de littérature en 2001.
 

Repères bibliographiques 
* Véronique Bonnet, De l’expérience à l’errance : écriture et quête d’appartenance dans la littérature contemporaine des petites Antilles francophones et anglophones ; 
* Régis Antoine, La littérature franco-antillaise, éditions Khartala, 1992
Autres fiches à consulter : 
 Louis-NUCERA dans les Alpes du sud 
Albert CAMUS en Bretagne

<<<< Christian.broussas - Feyzin - janvier 2012- <<< ©• cjb •© >>>>
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire