samedi 8 février 2014

L'écrivain Orhan Pamuk

ORHAN PAMUK et son ŒUVRE : Le musée de l'innocence, Neige, Mon nom est rouge
Orhan Pamuk, écrivain turc né en 1952 à Istanbul, a remporté de nombreux prix littéraires comme le prix France-Culture en 1995, celui du meilleur livre étranger du New York Times en 2004, ou le prix Médicis étrange r pour son roman "Neige" en 2005. Mais c'est surtout l'obtention du prix Nobel de littérature qui le consacre en 2006.
Le 12 octobre 2006, il a obtenu le prix Nobel de littérature.

 
La vie dans son pays est des plus délicate quand il déclare par exemple que « un million d'Arméniens et 30 000 Kurdes ont été tués sur ces terres, mais personne d'autre que moi n'ose le dire ». Il a beaucoup d'ennemis et en octobre 2005, il est mis en examen pour insulte délibérée à l'identité turque. Il s'en défendra, écrivant qu'il avait simplement voulu « commencer une petite discussion sur ce tabou, parce qu'il est un obstacle pour notre entrée dans l'Union Européenne ». Suite à l'assassinat de Hrant Dink [1] et des nombreuses menaces qu'il reçoit, actuellement il vit le plus souvent aux États-Unis.
 
L'écrivain en 2009 

Le musée de l'innocence

Référence : Orhan Pamuk, "Le musée de l'innocence", Paris, Éditions Gallimard, 2011, ISBN 978-2-07-078659-6
 
Le musée de l'innocence est un roman de l'écrivain turc Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature 2006, qui a été écrit et publié en 2011 aux éditions Gallimard, traduit du turc par Valérie Gay-Aksoy.
 
Histoire banale en apparence : Kémal devait épouser Sibel, mariage qui convient fort bien au deux familles. Mais le Malin qui brouille les destins et mélange les cartes fait qu'il entre dans une boutique pour acheter un sac et reste fasciné par Füsun la belle vendeuse, qui est en plus une cousine éloignée. C'est le coup de foudre mais ce malappris de Kémal veut tout tout : la respectabilité du mariage avec Sibel et la passion amoureuse avec Füsun sa maîtresse. Il en est ainsi dans les sociétés étouffée par les convenances et Pamuk s'y connaît en matière de dénonciation des tares de la société turque.
 
Mais Füsun ne l'entend pas ainsi et elle disparaît après les fiançailles de Kemal et de Sibel. Kamal part à sa recherche à travers maintes aventures initiatiques, retrouvailles brûlantes, infidélités, rumeurs, dans les méandres stanbouliens de la Corne d'Or.
 
Mais pour lui, il est trop tard et il se console en devenant fétichiste, en réunissant comme dans un musée tous les objets de Füsun qu'il peut trouver, le "Musée de l'innocence" diffusant toute une généalogie dont il demandera à un certain Orhan Pamuk, personnage du roman, de les préciser. Dans ce roman, il pastiche avec une virtuosité qui n'appartient qu'à lui, les romans à l'eau de rose dégoulinant de mièvrerie dans le charme désuet d'Istamboul.


NEIGE

Référence : Orhan Pamuk, "Neige", Paris, Éditions Gallimard, Collection Du monde entier, traduction de Jean-François Pérouse, 2005, 490 pages, ISBN 2-07-0777124-5
 
Neige est un roman écrit en 2000, publié en turc sous le titre "Kar" ('neige' en turc), édité en français en 2005 chez Gallimard et couronné la même année par le Prix Médicis étranger.
 
C'est l'histoire de "Ka", poète turc qui vit à l'occidental, un drame dans une ville frontière turque, Kars, que la neige isole du reste du pays, où se déroule un coup de force militaire anti-islamiste. Ka revient d'Allemagne et part à Kars, petite ville près de la frontière arménienne, pour enquêter sur le mystère de jeunes filles voilées qui contestent l'interdiction du voile dans les écoles et à l'université et en sont arrivées à se suicider. Le climat est lourd dans cette ville que d'imposantes chutes de neige immobilisent peu à peu, où les élections municipales imminentes devraient être remporter les partis religieux.
 
Sur le plan personnel, il retrouve İpek, jeune divorcé qu'il a aimée autrefois et avec qui il aimerait bien renouer.
Le climat se détériore encore après l'exécution du directeur de l'École Normale hostile au port du voile a laquelle il assiste et peut ainsi témoigner à la police. Il compose des poèmes et prend des notes sur la situation, qui fonctionne comme un mise en abyme puisqu'il projette de réunir ses écrits sous le titre de "Neige". Il enquête, il rencontre des gens pour ou contre l'intrusion du religieux dans la vie publique, comme Kadife la sœur d'İpek qui défend le port du voile ou "Necip", un étudiant d'école religieuse qui cherche sa voie ou le militant clandestin "Lazuli".
 
La situation bascule lors d'une représentation théâtrale où une émeute éclate, que certains veulent transformer en coup d'état. Les autorités décident d'en 'profiter' pour procéder à des arrestations et des massacres pendant que les victimes, avec l'aide de Ka, tentent de prévenir l'extérieur et de condamner ce coup de force. La ville est finalement libérée de la neige et de ses groupes armés mais Ka, menacé par les extrémistes religieux, doit partir sous la protection de la police et sans avoir convaincu İpek de le suivre. La haine de ses ennemis le poursuivra jusqu'en Allemagne où il a trouvé refuge et où il sera assassiné quelques années plus tard.
 

Mon nom est rouge

Référence : Orhan Pamuk, "Mon nom est Rouge", traduit du turc par Gilles Authier, éditions Gallimard, 576 pages, ISBN 2070756866  (prix du Meilleur livre étranger en 2002)
 
Mon nom est Rouge est un roman 'polyphonique' et foisonnant en 59 chapitres, où s'expriment une douzaine de personnages, où domine une couleur, le rouge, qui donne son titre au livre.
 
En 1591, un artiste enlumineur, travaillant dans l'atelier du sultan Murad III (1574-1595), est découvert au fond d'un puits, le crâne défoncé. Le sultan lui a commandé un manuscrit pour le millénaire de l'hégire, illustré par des miniaturistes reconnus. Puis l'on passe à une enquête policière mêlée d'une intrigue amoureuse entre "Monsieur Le Noir" qui enquête sur la mort de l'enlumineur et une jeune veuve "Shékuré", dans un climat mêlant la tradition ottomane et un certain penchant pour l'occident et en particulier "l'école vénitienne".
 
La fin revêt certains traits autobiographiques puisque c'est "Shekuré" (le nom de sa propre mère), qui transmet à son fils Orhan tous les ressorts de ces histoires en lui conseillant de transfigurer la réalité car, dit-elle, « ne recule, pour enjoliver ses histoires, et les rendre plus convaincantes, devant aucun mensonge. »

 
Notes et références
[1] Journaliste et écrivain turc d'origine arménienne, assassiné par un nationaliste devant les locaux de son journal 'Agos'
[2] Un jeune étudiant stanbouliote, "Osman" est très impressionné par la lecture d'un livre très mystérieux, auquel il pense beaucoup. Curieusement, il rencontre un couple "Djanan" et "Mehmet" qui partage ses impressions sur ce livre, couple qui subitement disparaît. Osman décide d'en avoir le cœur net et sillonne son pays en espérant les retrouver. Mais dans sa quête incertaine, il craint que la vie nouvelle dont parle le livre ne soit qu'une rencontre avec la mort, même si cette notion de vie nouvelle pourrait aussi bien être la perspective de revoir Djanan la femme qu'il aime.

Voir aussi :

- Orhan Pamuk, "La vie nouvelle", traduit du turc par Münevver Andaç, 320 pages, éditions Gallimard, 1999, ISBN 2070743330 [2]
- Orhan Pamuk, "Le Château blanc", traduit du turc par Münevver Andaç, 204 pages, 1996, ISBN 2070732630

 
- Présentation générale
 
         <<< Christian Broussas – Courmangoux, 28 mai 2012 - <<< © • cjb • © >>>

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