jeudi 27 novembre 2014

Jean Carrière La caverne des pestiférés


Rérérence : Jean Carrière, " La caverne des pestiférés", tome I Lazare, tome II Les aires de Comeizas, éditions Jean-Jacques Pauvert, 1978

Julien Jourdan, installé à Paris depuis de nombreuses années, revient chez lui dans les Cévennes, pour vendre sa maison natale de Nîmes, sur l'instigation de sa femme. Mais le moment est on ne peut plus mal choisi : le choléra rode dans tout le midi de la France et il se retrouve bloqué à Pont-Saint-Esprit, à une soixantaine de kilomètres de Nîmes. En cet été 1835, les chevaux se font rares car tout ceux qui le peuvent veulent fuir ces régions délétères. Déjà, le mal a frappé dans la région de Toulon et de Marseille avant de "sauter" le Rhône et de grimper à l'assaut des Cévennes.

      

Mais Julien Jourdan s'entête à poursuivre son voyage, est victime d'un accident et doit poursuivre sa route à pieds. Heureusement, il va faire deux rencontres, d'abord un médecin qui le soignera puis une connaissance à Nîmes qui l'aidera également, qui lui permettront de gagner lui aussi l'altitude où le choléra « perd ses dents ». le bourg de Montdardier, dans le Haut-Pays, qu'il connaît bien pour y avoir de nombreux souvenirs d'enfance.

Mais la route est pleine d'embûches et il est arrêté par des gardes qui parquent toux ceux qui fuient et contribuent à l'extension de l'épidémie. Il se retrouve ainsi prisonnier dans un ancien lazaret où les chances de survie sont minces, mais un groupe de marseillais l'emmènent dans l'évasion qu'ils réalisent.

C'est le début d'une longue marche dans la garrigue, la montagne, où de plus il faut éviter les villages qui peuvent être infectés et où l'on pourrait les dénoncer. Dans ce groupe,ils sont vingt-cinq hommes, femmes et enfants en marche à travers la campagne écrasée de chaleur. Sur le plateau des Aires de Comeizas, ils découvrent, non pas la « borie » qu'ils recherchaient mais une grotte vaste, bien située, bien aérée où ils s'établissent un peu comme sur une île déserte, loin de tout hameau, dans ce coin où des vestiges indiquent qu'il a été habité et abandonné depuis longtemps. Ainsi débute hors du temps et loin de tout, cette expérience particulière de La Caverne des Pestiférés, une aventure emblématique en forme de symbole de bonheur et de liberté.

Jean Carrière

En fait, Julien Jourdan part à la rencontre de sa jeunesse, les chemins de son adolescence, se débarrasser du bourgeois parisien qu'il est devenu pour rejoindre cette espèce de terre promise qui lui vient du fond de l'enfance.

Mais le répit dans cet havre de paix retiré du monde sera de courte durée. Une nouvelle épidémie va encore sévir, rattraper Julien Jourdan dans ce coin des Cévennes pourtant si retiré, a priori loin de ces miasmes qui se propageaient plus vite que la fuite des hommes. La vie s'est peu à peu s'est organisée dans Les aires de Comeizas jusqu'à ce jour fatal du 3 octobre 1836 où le groupe va pratiquement disparaître. Les principaux responsables du groupe, Jean-Baptiste Huard le toulonnais, un hercule ancien capitaine d'artillerie et Jacques Ardusson, l'échanson ardéchois disparaîtront dans la tourmente, seuls Alice Reynaud et un couple René et Justine Linsolas seront rescapés de cette dernière épidémie.

Commentaires et critiques
* « J'ai été secoué d'orages intérieurs, j'ai connu des émotions superbes. En moi... s'est formé la certitude qu'un nouvel et grand écrivain venait de naître ». Henry Bonnier, Le Méridional
* « Dieu que la langue française est belle quand elle est maniée d'une manière patiente, savante, habile et lente. » Yvan Audouard, Le canard enchaîné
* « Le "vérisme" de Jean Carrière rejoint la poésie par les évocations lyriques d'une nature superbe et cruelle ». Jean Freustié, Le Nouvel Observateur
* « Il faudrait dire aussi la magie du style de Jean Carrière... » André Gascht Le Soir

Voir aussi
* Ma fiche intitulée "Jean Carrière L'épervier de Maheux"

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