dimanche 7 décembre 2014

Alexandre Adler Le califat du sang

Référence : Alexandre Adler, " Le califat du sang", éditions Grasset, 128 pages, novembre 2014, gencode 9782246854579


« L'état islamique sème la terreur pour faire illusion. » Alexandre Adler

« Un essai optimiste » peut-on souvent lire dans les commentaires. Voilà qui démarque par rapport à tous ceux qui nous promettent des lendemains qui déchantent et agitent l'Islam comme un épouvantail. Nul ne conteste non plus à Alexandre Adler sa compétence en la matière... et son goût pour la polémique.

Il faut dire que ce siècle a commencé sous de mauvais auspices, marqué du sang des attentats de Madrid à Londres, des grottes de Tora Bora au Pakistan, pour aboutir au 11 septembre 2001. comme s'il existait toujours la même logique entre tous ces terribles événements. Comme si tout ceci ne nous rappelait d'autres événements entés maintenant dans l'Histoire et le devoir de mémoire.

Toute une région du monde semble plonger dans une haine sans fin, des pays tombés dans l'anarchie et de sanglantes dictatures, aux idéologies vaseuses, au goût d'inquisition, de haine de l'Occident, ou bien n'est-ce pas plutôt un processus de reconfiguration géopolitique qui se met en place sur les ruines d'un monde précaire et déstabilisé par le radicalisme islamique.

   

« Ces insurgés de l’Apocalypse sont capables du pire et ils commettent le pire. » p.8

Le dernier bouleversement en date, mû par un État islamique transnational et d’une ambition démesurée illustre bien, selon Alexandre Adler, ce cataclysme d'un nouveau système qui s'instaure en détruisant l'ancien dans des soubresauts qui ponctue la recherche d'un nouvel équilibre qui se met peu à peu en place sur les ruines de l'ancienne configuration. Les acteurs évoluent eux-aussi au rythme des modifications de leur environnement comme l'Égypte ou l'Iran tandis que d'autres comme l'Arabie saoudite, la Turquie ou la Jordanie se livrent à des jeux confus d'intérêts à court terme.
De cette façon, on pourrait assister à un rapprochement capital entre chiite à dominance iranienne et sunnite égyptien au détriment de Daech.

« A la fin du compte, conclut Alexandre Adler, la question est de savoir si nous assistons à la naissance d’une plate forme insurrectionnelle à l’échelle d’un continent ou bien au contraire au dernier spasme d’un mouvement meurtrier. »

Du même auteur :
                 
Une affaire de famille  Le communisme     Quand les Français faisaient l'Histoire


Interview d'Alexandre Adler - Le Point, décembre 2014
« De même que les Khmers rouges étaient la fin du maoïsme, là nous avons un peu la même situation ! [...] La grande confirmation, c'est l'évolution de l'Iran vers une forme de démocratisation et de réintégration de la communauté internationale. Les négociations sur le nucléaire avec les États-Unis se passent plutôt bien actuellement. Et elles vont se finir par une réintégration complète de l'Iran.»

« La grande surprise, c'est l'Égypte ! Je n'imaginais absolument pas que dans un pays où on ne manifeste pas beaucoup, dix millions de personnes envahiraient les rues du Caire pour chasser les Frères musulmans ! Et c'est comme cela que l'armée s'est enhardie et que nous avons aujourd'hui le régime du maréchal Sissi qui est de moins en moins contesté. Bref, nous avons les deux grandes puissances de l'Islam, l'Égypte et l'Iran, pour la première fois associées dans un même rejet de l'islamisme. »

Or, il existe en Irak dans la majorité chiite et chez les Kurdes, comme on l'a vu à Kobané dans sa résistance héroïque, beaucoup de bonne volonté et beaucoup de courage et Adler croit fermement à une possible réconciliation entre iraniens et saoudiens. Le nerf de la guerre, c'est le pétrole et Daesh en a largement usé. Mais l'Arabie saoudite pèse maintenant sur le prix du brut et Daesh ne peut plus compter que sur une maigre contrebande et ceci d'autant plus que le Qatar cesse de financer Daesh. Dans ces conditions ajoute-t-il, « je ne suis pas persuadé que Daesh puisse survivre longtemps s'il n'arrive pas à déboucher en Arabie saoudite. » Ce qui, dans la conjoncture actuelle, est bien improbable.

Voir aussi mes articles de la catégorie Essais/Etudes :
Site Essais et études

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