jeudi 14 mai 2015

Bernard Maris Et si on aimait la France

« La civilisation commence avec la politesse, la politesse avec la discrétion, la retenue, le silence et le sourire sur le visage. » 








 

Ce court recueil de Bernard Maris, l’économiste chroniqueur de "Charlie Hebdo", intitulé "Et si on aimait la France", veut donner une vision optimiste de ce qu’est la France, déplorant la morosité dont on l’accable souvent. Dès les premières pages, il écrit ce qui est le fil conducteur de sa pensée : « Non, Français, vous n’êtes pas coupables, vous ne devez rien ; le chômage, la catastrophe urbaine, le déclin de la langue, ce n’est pas vous ; le racisme, ce n’est pas vous, contrairement à ce qu’on veut vous faire croire. Vous n’êtes pas coupables. »

Réfutant quelques idées reçues, il note par exemple que dans leur histoire, les Français n’ont jamais refusé le changement, se référant dans l’histoire récente aux lois qui ont marqué le début du septennat de Giscard d’Estaing : « Hormis quelques émotions criées et ravalées, les Français adoptent un changement culturel radical envers leur passé chrétien. Ils l’ont toujours fait : en 1969 avec la loi Neuwirth et en 1974 avec la loi Veil… Le peuple est tout à fait disposé au changement. Ceux qui brament à "l’impossibilité de réformer la France" sont des incapables, des lâches ou bien les deux ensemble. »  

De façon paradoxale, les Français sont unis dans leur diversité, pour vouloir une société homogène : « La France ne peut élaborer de stéréotype. (…) elle est une tension perpétuelle vers l’homme universel”. Mais pour cela, il faudrait d’abord cesser de cracher sur cette France périurbaine qu’il connaît bien : « Une France périurbaine méprisée (…) L’étalement, l’effrayante laideur du périurbain, le mariage de la voiture et du centre commercial, l’irruption d’Internet qui favorise encore plus l’isolement, l’absence de contact, sont en train de tuer tout ce qui pouvait faire unité, confiance, solidarité (…) Où est leur liberté ? Leur solidarité ? » 
 
Les bobos un brin écolo sont pour lui un nouveau fléau parisien, comme d’ailleurs à d’autres grandes villes : « Les bobos sont de haute qualification, volontiers voyageurs, volontiers "couples mixtes", mangent bio et aiment les animaux (…) Ils font de gros efforts pour que leur nounou mauricienne obtienne la nationalité française… sont  tolérants et communautaristes. » Mais ils ne répugnent pas au "double digicode" et comme l’écrit le philosophe Alain Finkelkraut : « Les bobos typiques célèbrent le métissage et vivent dans des forteresses. » Ils sont la mondialisation heureuse. L’immigré est mondialisé par le bas, le bobo par le haut. [1]
 
Il se demande si  « les élites, les puissants n'auraient pas intérêt à transformer la question sociale en question ethnique, à voir un conflit de communautés là où il n'y aurait qu'un conflit social. » [2] 

Visiblement, il réprouve cette évolution qui, à travers les processus de mondialisation nivelle toutes les cultures, ce qui n’est finalement qu’une évolution logique de la globalisation consistant à mondialiser la culture. Dans ce mouvement, la France est coincée entre la diversité et ses traditions, déstabilisée par l’impact de ces deux évolutions divergentes qui engendre une grande confusion des esprits.
 
Il ignorait bien sûr alors que, suite à ce 11 janvier 2015 qui allait lui être fatal, le pays scanderait ce mot "République" qui lui était si cher.

Notes et références
[1] Voir aussi Laure Watrin et Thomas Legrand, "La république bobo", éditions Stock, 2014
[2] Voir aussi Christophe Guilluy, "Fractures françaises", éditions Champ/Flammarion, 2013

Voir aussi
* Bernard Maris, De Charlie-Hebdo à la Banque de France
* Voir également mon site Essai et études

« < Christian Broussas, Feyzin - B. Maris - 13 janvier 2015  •°° © CJB © °°•  >»
                                     « <  •°°• maj 31 mai 2016  •°°•  >»


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