Référence : Philip Roth, "La tache", traduction Josée Kamoun, éditions Gallimard, 2004

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« La vie, dans toute son impureté impudente, confondait une fois de plus l’Amérique. »


Après une brillante carrière à l’université d’Athéna, le professeur et ancien doyen Coleman Silk, grand spécialiste des auteurs de l’Antiquité, est victime d’une espèce de cabale qui le prend au dépourvu, convoqué par son successeur pour s’expliquer sur l’accusation de racisme portée par deux étudiants noirs. En attendant, il doit immédiatement mettre un terme à ses fonctions.

Jusque-là, il avait réussi à conserver son secret et sa découverte le renvoie à ce choix qu’il avait fait dans sa jeunesse pour être un homme libre, indépendant, restant en parallèle de cette société hostile et ségrégationniste. : mentir sur sa race pour pouvoir entrer dans la marine.

 Une décision difficile à assumer, qui l’obligea à vivre dans la peau d’un blanc, reniant ses origines, rompant avec sa famille. « Je ne suis pas l’un de vous, je ne vous supporte pas, je ne fais pas partie de votre "nous" noir » s’efforce-t-il de penser.
Position schizophrène s’il en est mais dont il ne se départit jamais, s’y tenant comme on s’accroche à planche de salut.

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Mais tout change après cette accusation subite qui le renvoie à sa propre image ; une comédie grinçante qui pourrait tourner à la tragédie. De plus, depuis la mort de son épouse, il a une liaison avec une femme beaucoup plus jeune que lui, il s’oppose à un vétéran du Vietnam, paumé et agressif, rejeté par ses propres enfants. Un type, comme beaucoup d’autres, qui ne s’est jamais remis des horreurs d’une guerre pleine de bruits et de fureur. Beaucoup d’enfants de cette génération ont été ainsi sacrifiés.

Pour le narrateur auquel il se confie, rien n’est clair, surtout sue ses motivations : « … avait-il seulement refermé la porte sur un passé, un peuple, une race avec lesquels il ne voulait avoir aucun commerce, ni dans l’intimité, ni à titre officiel ? » D’autres raisons pouvaient aussi être avancées du genre « Était-ce l’obstruction sociale qu’il avait voulu contourner ? »

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Retour sur lui-même à travers ce questionnement sur cette ambivalence qui avait gouverné sa vie. Sur fond de racisme et d’une Amérique désenchantée, Philip Roth nous propose le portrait d’un homme double, qui en fait ne peut choisir car en l’occurrence, tout choix est un leurre entre assumer sa condition de noir américain condamné à rester pauvre et marginal ou se déguiser, cacher sa négritude derrière un masque blanc.
Mais les masques et les apparences n’ont qu’un temps.

Philip Roth n’a pas son pareil pour mettre sa plume là où ça fait mal, jouant de la complexité des situations et des contradictions de ses personnages, sans apartés psychologiques, ni considérations intellectuelles.  

Quelques commentaires
« Tel un peintre à petits coups de pinceau, Roth dessine avec finesse ses personnages. Il scrute sans concession la nature humaine pour en dévoiler les forces et les failles avec une précision d’expert. »
« Un livre fort et complexe sur l’humain, son besoin de reconnaissance, sa quête d’identité, la souffrance et la liberté, servi par une écriture juste, suffisamment précise pour que l’imagination la traduise spontanément en images sensibles. »


Points de repère
* Le théâtre de Sabbath, 1995, prix National Book Award
* Pastorale américaine, prix Pulitzer
*La tache, prix PEN Faulkner Award

Toutes mes fiches sur Philip Roth
*
Indignation : le syndrome du fils unique -- La tache --
* Roth interview Kundera Philip Roth et Milan Kundera 
* Son roman La bête qui meurt et son essai Les Faits

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