Madame de Sade est une pièce de théâtre écrite en 1965 par l'écrivain japonais Yukio Mishima.

   
                                          Image du film Madame de Sade de Bergman
 
Présentation
Yukio Mishima disait de sa pièce de théâtre qu'elle pourrait être intitulée : « Sade vu à travers le regard des femmes ». Elle a fait l'objet d'une adaptation et d'une mise en scène en 2010 par Jacques Vincey.

Dans la postface du livre, l'auteur explique que c'est en lisant La vie du marquis de Sade décrit en 1964 par son ami Tatsuhiko Shibusawa qu'il a été intrigué par le comportement de la marquise de Sade qui avait montré envers son mari une fidélité indéfectible pendant les longues années qu'il a passées en prison, alors qu'elle l'abandonne sitôt qu'il recouvre sa liberté. C'est cette attitude incompréhensible a priori qui a suscité son intérêt et l'a incité à écrire sa pièce, en laquelle « on peut voir une tentative de fournir au problème une solution logique ». Il poursuit en disant qu'il a ressenti qu'une vérité peu intelligible se cachait derrière cette énigme et qu'il a voulu « considérer Sade dans ce système de références ».

Yukio Mishima reconnaît lui-même qu'« il est peut-être singulier qu’un Japonais ait écrit une pièce de théâtre sur un argument français », mais il est attiré par la dualité du comportement de cette madame de Sade. Sur ce fond historique, il bâtit une intrigue pour six femmes où il peut tout à loisir parler de l'évolution de la morale et de l'ordre social, de la contestation de la toute-puissance de l'église catholique romaine, sur fond d'une Révolution française qui s'annonce.

       
                                                            Wyndham's Theatre
 
Contenu
Le divin marquis est absent de la pièce mais évidemment bien présent dans toutes les conversations. On peut le défendre, on peut être contre lui mais le moins qu'on puisse dire est qu'il ne laisse personne indifférent. C'est un exalté, un radical qui a sur la vie et sur l'amour des positions bien tranchées et déplaisent grandement au pouvoir. Tous ces gens sont comme au salon, sans grande réaction face aux événements et comme ajoute Mishima en conclusion, « leur rapport à la parole et la perversité de leurs relations n’est pas sans rappeler le théâtre de Marivaux ou Les liaisons dangereuses de Laclos : ces femmes parlent pour exister, pour combler le vide qui les menace ».

Dans le salon de Mme de Montreuil, mère de Madame de Sade, la pièce de théâtre écrite par Mishima représente, de 1772 à 1790, trois périodes et six femmes tournant autour de la dépouille d’un Marquis absent et omniprésent, emprisonné dans divers cachots. Sa légende se tisse au fil des dialogues, comme une tapisserie dont les fils sont la trame de sa vie et dont le motif, finalement, révèle chacune de ces femmes autant que le Marquis lui-même.

La conversation se polarise sur la dimension scandaleuse de ses actes ou de ses écrits et, même au-delà de sa personne, sa femme Renée, ou également Saint-Fond, comtesse elle aussi scandaleuse qu'a inventé Mishima, affirment impudemment, « Donatien, c’est moi ! ».
 Les trois principaux personnages finiront par succomber céder à une espèce de fascination que suscite le marquis de Sade. Sa femme bien sûr, mais aussi Anne, la sœur de Renée eut aussi une relation avec son beau-frère, et même finalement la mère de Mme de Sade qui, après avoir poursuivi de sa hargne son gendre et avoir tout mis en œuvre pour l’envoyer en prison, finit en 1790 par se radoucir, et même le défendre, poussant Renée à le revoir, lorsque le vent tourne et que la Révolution apporte la démonstration que Sade avait raison, un visionnaire qui sera président de plusieurs comités révolutionnaires, devenant l’homme qui seul peut sauver la famille de la vengeance populaire.

Articles connexes

< • Christian Broussas -  Mishima/Sade • °° © CJB  °° • 17/11/2010 >
                 <<< • • maj avril 2017
• °° © CJB  °° • • 04/2017 >>>