vendredi 25 novembre 2016

Louise de Savoie, La louve, Daniel Colas

Louise de Savoie, "La louve", une pièce de Daniel Colas

            
Affiche de la pièce               Béatrice Agenin et Gaël Giraudeau


Une comédie historique, "La Louve" sur le rôle éminent de la mère de François Ier dans son accession au trône.

Bien mauvaise nouvelle pour Louise de Savoie: en ce mois d'octobre 1514, le roi de France Louis XII vient de convoler une seconde fois! Et sa nouvelle épouse, Marie d’Angleterre – sœur du roi Henri VII Tudor – a tout pour plaire. Sa jeunesse et la fraîcheur de son sourire viendront-elles à bout de la détermination de la sévère Louise, cette "louve" qui ne pense qu’au pouvoir et complote pour installer son fils François d’Angoulême sur le trône de France?


Un trône qui lui est promis… sauf si la reine Marie (ou Mary Tudor) donne une descendance mâle au vieux roi déjà bien mal en point. C’est en tout cas le fil conducteur  de cette pièce historique signée Daniel Colas, dont il a assuré également la mise en scène dans version présentée au théâtre La Bruyère à Paris. [1]
       

Il nous fait revivre les luttes de pouvoir au temps de la Renaissance (rien à voir bien sûr avec l’époque contemporaine) mâtinées de chassés-croisés amoureux pleins de verve. Il nous fait revivre aussi, dans un décor très sobre fait de chandeliers et d’un grand miroir piqué, les émois d’une cour en ébullition chaque fois que la reine Anne est enceinte. Elle frémit et bruit de mille chuchotements à l’arrivée de Marie, la nouvelle reine ou à la vue d’un roi à la santé déclinante.
Ah, si Louis XII avait eu un fils…

Louise de Savoie est prête à tout pour assurer le trône à son fils, un fils qui s’en fiche et court le guilledou, mauvaise et rusée, ambitieuse pour deux, elle est une louve prête à tout. Elle, engoncée dans de stricts habits de soie noire rehaussée d’or, veut régner sans partage. Prête à tout, oui, intriguant, tissant peu à peu sa toile, séduisant quand il le faut, recadrant un rejeton qui ne semble pas avoir beaucoup de goût pour un emploi royal. Il n’est alors qu’un grand dadais en quête de plaisirs.

Sa stratégie, aussi manifeste et tortueuse qu’elle ait été pour imposer son fils François comme futur roi de France, s’est heurté au préalable absolu d’un éventuel descendant de Louis XII. Son cœur a été soumis à rude épreuve, d’abord avec la reine Anne de Bretagne qui pendant quinze ans a donné au roi deux filles, Claude de France (1499-1524) qui épousera le futur François 1er et Renée de France, duchesse de Chartres (1510-1575) et a connu aussi  de terribles et constants déboires avec ses autres accouchements (enfants morts et fausses couches entre 1500 et 1509, la naissance d’un garçon en janvier 1512 qui ne vivra que quelques jours. À cette occasion, dans cette situation qu’elle redoutait tant, Louis de Savoie écrira :« Il ne pouvoit retarder l'exaltation de mon "César", car il avoit faute de vie. »
 
De même, elle dut encore beaucoup trembler quand le vieux roi Louis XII épousa en octobre 1514 la jeune Mary Tudor, princesse d’Angleterre, fille du roi Henri VII,  qui "n’eut pas le temps" de lui donner d’enfant. Ses efforts furent enfin récompensés quand Louis XII s’éteignit le 1er janvier 1515.

Louise de Savoie (1476-1531)

 
                              Louise avec le gouvernail de la Régence
  Comtesse puis duchesse d’Angoulême, Louise de Savoie (1476-1531) est d’abord la mère de deux enfants illustres, Marguerite (future reine de Navarre) [2] et François (futur François Ier). [3] Avant le règne de son fils, elle est familière de la cour de Louis XII puis après l’avènement de son fils, elle jouera un rôle politique important devenant régente à deux reprises (du début du règne en 1515 puis de 1524 à 1526 après le désastre de Pavie et la réclusion du roi).
Deux événements vont marquer la vie de Louise de Savoie. D’abord dans sa jeunesse le rôle de sa tante Anne de Beaujeu, fille du roi Louis XI, femme volontaire à l’âme politique, alors régente du royaume et qui aura une grande influence sur Louise dans la formation de son caractère. Puis son veuvage précoce (à dix-neuf ans) fait qu’elle reporte toute son affection et ses espoirs sur ses deux enfants, avec l’idée secrète que le roi Louis XII qui vieillit, restera sans descendant mâle, ouvrant la voie du trône à son fils.
Mais le chemin sera long et semé d’embûches.

Elle exerce une grande influence sur le Conseil du roi, reçoit les ambassadeurs, dirige les négociations, distribue postes et avantages à ses protégés et ses alliés. Dans un tout autre domaine, elle adore les beaux objets et les œuvres d’art, protégeant artistes et poètes, participant souvent à la création artistique et littéraire de la première moitié du règne de François Ier.

                
François 1er par Jean Clouet      Marguerite de Navarre

Elle est surtout connue pour avoir négocié La paix des dames, avec Marie de Luxembourg et Marguerite d’Autriche, gouvernante des Pays-Bas, signée à Cambrai en août 1529, qui contient la libération de ses petits-enfants François et Henri, restés prisonniers à la place de leur père.

  Tombeau d’Anne et Louis XII à St-Denis

Notes et références
[1]
Dans la distribution du théâtre La Bruyère, Béatrice Agenin est Louise de Savoie, Gaël Giraudeau François 1er, Patrick Raynal Louis XII, Coralie Audret la reine Marie, Adrien Melin le duc de Suffolk, Maud Baecker la reine Claude, la fille de Louis XII, l'épouse claudicante et mal aimée de François Ier et le bègue Yvan Garouel

[2] Marguerite d’Angoulême (1492-1549), mariée en 1527 à Henri II d’Albret, roi de Navarre, mère de Jeanne III d’Albret et grand-mère du roi Henri IV
[3] François Ier (1494-1547), roi de France à partir de 1515

Bibliographie

* Louise de Savoie (1476-1531), sous la direction de Pascal Brioist, Laure Fagnard, Cédric Michon,  édition Presses universitaires de Rennes, 2015
* Paule Henry-Bordeaux, Louise de Savoie : régente et "Roi" de France, Plon, 1956
* Maurice Zermatten, Louise de Savoie, 1960
    
Mes fiches "Histoire" 2016
* Louise de Savoie, La louve --
* Art de la paix/Diplomatie -- Le docteur Ménétrel --
* Georges Duby, Sur les traces de nos peurs -- * Quand Lyon devint française --
* Jean-Marie Constant, C'était la Fronde -- * Des gaulois aux Français --
* Jacques Serverin, Les ombrelles du quai Pierre-Scize --
  


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